mercredi 23 avril 2008

Rennes Infonet du 23 avril: Le Directeur de l'IRTS est "SEREIN"

"Pour l'instant, la situation est bloquée"
En février, la gratification des stages supérieurs à trois mois est devenue obligatoire. Enfin pas pour tous, pas de la même façon... Bref pas mal de couacs qui poussent les étudiants en carrière sociale à se mobiliser. Des stages qui s'annulent en cascade, le risque de ne pas valider son année... Jean-Vincent Trellu, directeur de l'IRTS de Bretagne, est lui aussi bien embêté par la situation.
Archives, manifestation des étudiants en carrière sociale devant la DRASS

Jean-Vincent Trellu, sur le site de l'IRTS de Bretagne, on se positionne aussi sur cette gratification des stages (voir l'article). Ce que vous dites, c'est "on a voulu aider les étudiants en les gratifiant mais en fait, on les enfonce"..
C'est plus compliqué que cela. Il y a un texte général qui dit que désormais les stagiaires sont rémunérés lorsqu'ils effectuent un stage de plus de trois mois. La transposition, sur le secteur social, de cette obligation de gratification, crée des problèmes. Il y a trois choses qui se passent

Premièrement, la formation en alternance. Pour faire valider leur année, les étudiants doivent absolument aller en stage, mais les associations ou entreprises n'ont pas d'obligation d'accueil.

Il y a dans la définition des lieux de stage un souci : le secteur public n'a pas d'obligation de gratification, alors que les structures privées l'ont. C'est quelque chose d'arbitraire. Cela peut conduire un étudiant à choisir un lieu de stage non pas sur son intérêt, mais pour la gratification

Un problème naît, les entreprises ou associations disent : « Nous on veut bien payer mais on est solvables. Donc, il nous faut les crédits nécessaires ! » Pour l'instant, l'Etat a dit « moi je le ferai. De leur côté, les Conseils généraux n'ont pas encore dit cela ». Pour le département, cela fait une charge supplémentaire sans compensation financière pour le moment. Tout cela donne un bras de fer entre Région, Etat et Conseil général.

Au final, le problème n'est pas réglé, mais il le faudra bien un jour. Pour l'instant, la situation est bloquée. Pourquoi faire une différence entre public et privé ? Qui va supporter cela ?

Vous dites même que cela peut compromettre sérieusement la poursuite des parcours de formation et mettre en péril l'organisation de la formation qui repose sur l'alternance.

A court terme, si les étudiants ne vont pas en stage, la validation de leur année va être remise en cause. A long terme, si les associations ou entreprises privées n'accueillent plus de stagiaires, cela pose un sérieux problème d'alternance.

Dans le bras de fer entre institutions dont vous parliez, ce sont finalement les étudiants qui trinquent. De plus en plus, ils font face à des refus catégoriques d'accueil. Déjà que dans ce secteur, la course au stage était difficile...
Pour l'instant, les organismes privés n'accueillent pas de stagiaires avant d'être financés. L'Etat leur a écrit pour dire « je vous financerai ». Mais avec la décentralisation, ça traîne... Pour être efficace, il faudrait une décision nationale qui s'applique localement. Je n'ai pas de boule de cristal, je ne sais pas quand cela va se résoudre.

Qu'est-ce que vous dites à vos étudiants alors ? D'être patients ?

On a donné une date qui est celle du 15 mai pour que nos étudiants partent en stage.

Et si la situation en est au même point ?

Je ne me mets pas dans la situation où ça va échouer. Je suis serein.

Pratique : Les étudiants de l'IRTS mais aussi de l'AFPE de Bruz, sur campus de Ker Lann se mobilisent. Ce matin, ils bloquaient d'ailleurs l'entrée de leur école.

Benjamin KELTZ